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Le doyen, Jean-Louis Seatelli, veut « porter une voix dissonante » à l’Assemblee de Corse


Julia Sereni le Mercredi 30 Juin 2021 à 18:15

À 74 ans, l’avocat pénaliste Jean-Louis Seatelli, issu de la liste « Un soffiu novu », est le doyen de la nouvelle Assemblée de Corse. Un engagement sur le tard pour cette figure du barreau de Bastia, qui entend bien porter une voix « dissonante » dans l’hémicycle.



Jean-Louis Seatelli est le doyen de la nouvelle Assemblée de Corse. Photo : JLS
Jean-Louis Seatelli est le doyen de la nouvelle Assemblée de Corse. Photo : JLS
« On est trahi par son âge » lance Jean-Louis Seatelli, taquin. À 74 ans, après une toute première candidature sur la liste « Un soffiu novu » portée par Laurent Marcangeli, il devient le doyen de la nouvelle Assemblée de Corse. L’avocat pénaliste entame ainsi, après 46 ans de robe, un tournant dans son parcours. « C’est un engagement pour la Corse, pas une carrière personnelle » précise t-il d’emblée.

Figure du barreau de Bastia

De sa vie personnelle, justement, il parle peu, tout comme de son frère, assassiné en 1998. Jean-Louis Seatelli se livre davantage sur sa carrière, bâtie à coup d’âpres et médiatiques dossiers, en défendant des figures du banditisme insulaire comme Jacques Mariani ou Richard Guazzelli, mais aussi des personnalités politiques telles que l’ancien président de l’Exécutif Paul Giacobbi ou l’ancien sénateur Joseph Castelli. En dehors de l’île, il sera également le conseil de Bernard Tapie. Impossible alors pour lui d’envisager une carrière politique. « J’ai toujours considéré que ma profession telle que je l’ai exercée était incompatible avec la politique, notamment le droit pénal, vous êtes confronté en permanence aux réalités de la vie et aux jurés, et j’ai toujours eu la neutralité nécessaire, masquant ainsi les idées politiques qui sont les miennes. »

Ses idées, ce sont celles du gaullisme. « Je suis un humaniste, j’appartiens à la droite sociale. » C’est ce qui l’a poussé à rejoindre Laurent Marcangeli et la démarche « Un soffiu novu ». « Nous avons beaucoup de points communs, et puis il représente la jeunesse » confie Jean-Louis Seatelli. Et la défaite de sa liste ne l’a pas refroidi. « Pour moi, ce n’est pas un échec, je pourrai porter une voix dissonante. » Un exercice dans lequel l’avocat pourrait bien s’illustrer, fort de ses années passées à la barre.

« Je n’ai pas peur du combat »

D’ailleurs, si la défense a toujours été « une passion », Jean-Louis Seatelli voit l’engagement politique comme « une continuité ». Et il compte bien mettre à profit son expérience professionnelle dans l’hémicycle. « C’est une profession qui vous ouvre les yeux sur la vie. En venant de la société civile, on apporte ce regard que les politiques ont perdu ». Profession qu’il devra pourtant mettre quelque peu de côté durant ce mandat. « Je choisirai mes dossiers pour qu’il n’y ait pas d’incompatibilité » tranche l’avocat.
 
Ce qui le motive ? « C’est d’arriver à faire passer un message global. Je voudrais qu’on se mette au travail, qu’on arrête les incantations. On a les mêmes problèmes que toutes les régions, seulement certaines avancent et se réforment, nous on se referme sur nous-mêmes » estime Jean-Louis Seatelli, qui assure n’avoir « rien contre les nationalistes ». C’est néanmoins déterminé qu’il s’apprête à tenir son rôle d’opposant : « Je suis pragmatique, je travaille, je m’oppose et je n’ai pas peur du combat ».

Pour la session inaugurale de l’Assemblée de Corse, que Jean-Louis Seatelli présidera en tant que doyen, il prendra la parole. « Je suis en train de rédiger mon discours. » Un discours dont il réserve la primeur pour le jour J, mais qui devrait laisser transparaître sa volonté de s’engager « pour la jeunesse, et contre l’injustice ». Un seul point semble toutefois tracasser l’avocat. « Ma difficulté va être de rester assis, j’ai toujours l’habitude d’être debout pour plaider. Je risque d’innover. » Laisser la robe à l’entrée de l’hémicycle semble finalement s’avérer plus difficile que prévu pour Jean-Louis Seatelli.